Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/175

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Si vous nous protégez contre la violence,
Je connais sa justice et sa reconnaissance,
Croyez que ces états s’applaudiront un jour
D’avoir par des bienfaits provoqué son amour.
Nous avons des amis, malgré notre infortune :
D’Aceste, des Troyens, l’origine est commune ;
La Sicile, ses ports, ses trésors sont à nous,
Et l’ami des Troyens voudra l’être de vous.
Souffrez qu’en vos forêts notre triste naufrage
Retrouve le secours que nous ravit l’orage.
Si le pieux Enée à nos vœux est rendu,
Si dans les champs latins son peuple est attendu,
Vers ces bords désirés nous suivrons notre course ;
Mais, si ce doux espoir est ravi sans ressource,
O père des Troyens ! si les flots ennemis
Ont englouti tes jours et les jours de ton fils,
Du moins que nous allions chercher dans la Sicile
Les faveurs d’un bon prince et d’un climat fertile ! »
Il dit : et les Troyens, qu’enchante son discours,
D’un murmure flatteur lui prêtent le secours ».
  Didon, les yeux baissés, à leur touchante plainte
Répond en peu de mots : « Bannissez toute crainte ;