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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/179

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Peut-être nous saurons quel désert, quelle ville
A ses destins errants ont offert un asile ».
Ainsi parla Didon : attentifs à ces mots,
Bouillant d’impatience, Achate et le héros
Brûlent de se montrer, de briser le nuage.
Achate au chef troyen tient alors ce langage :
« Fils des dieux, vous voyez, vos vaisseaux sont sauvés,
Vos guerriers réunis, vos amis retrouvés :
Un seul manque à nos vœux, malheureuse victime,
Que la mer à nos yeux engloutit dans l’abîme.
Au discours de Vénus jusqu’ici tout répond.
Il dit : et tout à coup le nuage profond
S’entr’ouvre, et dans les airs légèrement s’écoule ;
Il fuit, le héros reste : on s’étonne, et la foule
Admire tant de grâce et tant de majesté.
Vénus même à son fils prodigua la beauté,
Versa sur tous ses traits ce charme heureux qui touche ;
Elle-même en secret, d’un souffle de sa bouche,
Fait luire sur son front, rayonner dans ses yeux,
Ce doux éclat qui fait la jeunesse des dieux,
En boucles fait tomber sa belle chevelure,
Et pour lui de ses dons épuise sa ceinture.