Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est un dieu, c’est son fils. Bien moins resplendissant,
Sort d’une habile main l’ivoire éblouissant ;
Ainsi l’art donne au marbre une beauté nouvelle ;
Ou tel, entouré d’or, le rubis étincelle.
Sa présence imprévue a frappé tous les yeux.
Celui que vous cherchez, dont la faveur des dieux
A conservé les jours, le voici : que de grâces
Ne vous devons-nous pas, ô vous, que nos disgrâces
Ont seule intéressée ! En proie à tant de maux,
Triste jouet des Grecs, de la terre et des eaux,
Lorsque nous n’avons plus, dans notre sort horrible,
Qu’un souvenir affreux, qu’un avenir terrible,
C’est vous dont les bontés à vos sujets chéris
Daignent associer de malheureux proscrits.
Et comment acquitter notre reconnaissance ?
Tous en ont le désir, mais aucun la puissance.
Tous les Troyens épars dans l’univers entier
Ne pourraient de vos soins dignement vous payer.
Tant que du haut des monts la nuit tendra ses voiles
Tant qu’on verra les cieux se parsemer d’étoiles,
Tant que la mer boira les fleuves vagabonds,
Quel que soit mon destin, votre gloire, vos dons,