Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/195

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Dévouée aux horreurs de ses funestes feux,
Didon surtout, Didon le dévore des yeux ;
Et, le cœur agité d’un trouble qui l’étonne,
Admire et les présents et celui qui les donne.
Lorsqu’imitant ce fils vainement attendu,
Caressé par Enée, à son cou suspendu,
Du héros abusé par l’image d’Iule,
Il a rassasié la tendresse crédule,
Préparant le poison qui doit brûler son cœur,
Il marche vers la reine, il est déjà vainqueur.
L’imprudente Didon tendrement le caresse,
Le tient sur ses genoux, entre ses bras le presse,
S’enivre de sa vue, hélas ! et ne sait pas
Quel redoutable dieu se joue entre ses bras.
Dans cette âme fidèle où vit encor Sichée,
Le perfide, glissant une flamme cachée,
Par degrés l’en efface, et, par une autre ardeur,
D’un cœur longtemps paisible échauffe la froideur.
Le repas achevé, des guirlandes couronnent
Cent vases où déjà des vins exquis bouillonnent.
La joie alors redouble ; on s’anime, et les cris
Roulent en longs éclats sous ces vastes lambris.