Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/197

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De leurs plafonds dorés trente lustres descendent,
Ils s’allument, la nuit cède aux feux qu’ils répandent.
La reine alors demande un riche vase d’or
Que l’éclat des rubis embellissait encor.
Là les vins dont les dieux reçoivent les prémices
Dans les banquets sacrés et dans les sacrifices,
Depuis le grand Bélus, son aïeul renommé,
En l’honneur de ses dieux avaient toujours fumé.
Le vase d’or paraît : tous gardent le silence ;
Et, la coupe à la main, la reine ainsi commence :
« Auguste protecteur de l’hospitalité,
Jupiter, que ce jour, à jamais respecté,
Soit propice aux enfants et de Tyr et de Troie !
Viens, Junon, viens, Bacchus, source aimable de joie ;
Et vous, ô Tyriens ! joignez-vous à mes vœux ».
Elle dit : le nectar coule en l’honneur des dieux.
Didon au même instant de ses lèvres l’effleure ;
Bitias le reçoit ; on l’excite ; et, sur l’heure,
S’abreuvant à longs traits du nectar écumant,
La coupe aux larges bords est vide en un moment.
Le vase d’or circule, avec lui l’allégresse.
Iopas prend alors sa harpe enchanteresse.