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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/245

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On se tait, on attend dans un profond silence.
Alors, environné d’une assemblée immense,
De la couche élevée où siège le héros,
Il s’adresse à Didon, et commence en ces mots :
  « Reine ! de ce grand jour faut-il troubler les charmes,
Et rouvrir à vos yeux la source de nos larmes ;
Vous raconter la nuit, l’épouvantable nuit
Qui vit Pergame en cendre, et son règne détruit ;
Ces derniers coups du sort, ce triomphe du crime,
Dont je fus le témoin, hélas ! et la victime...
O catastrophe horrible ! ô souvenir affreux !
Hélas ! en écoutant ces récits douloureux,
D’Ulysse, de Pyrrhus, auteurs de nos alarmes,
Quel barbare soldat ne répandrait des larmes ?...
La nuit tombe ; et déjà les célestes flambeaux,
Penchant vers leur déclin, invitent au repos.