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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/253

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Cependant vers le roi quelques bergers troyens
Traînent un inconnu tout chargé de liens,
Qui, pour servir des Grecs le fatal stratagème,
Exprès entre nos mains s’était jeté lui-même ;
Jeune, hardi, tout prêt à l’un ou l’autre sort,
A tromper les Troyens, ou recevoir la mort.
Pour le voir, l’insulter, d’une ardente jeunesse
La haine curieuse autour de lui s’empresse.
Mais écoutez le piège inventé contre nous,
Et qu’un Grec vous apprenne à les connaître tous.
Seul, désarmé, d’abord sur cette foule immense
Son timide regard se promène en silence ;
Tout à coup il s’écrie : « O sort ! ô désespoir !
Quelles mers, quels pays voudront me recevoir ?
La Grèce me poursuit, et par ma mort certaine
Les Troyens furieux vont assouvir leur haine ! »
Cette plaintive voix, ces accents de douleurs
Etonnent les esprits, amollissent les cœurs :
On demande son nom, son état, sa naissance,
Et quels droits il apporte à notre confiance.
Le perfide poursuit avec sécurité :
« Grand roi, vous apprendrez la simple vérité.