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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/255

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D’abord, je l’avouerai, ma patrie est la Grèce :
De nier mon pays je n’ai point la faiblesse ;
Le sort peut, sur Sinon déployant sa rigueur,
Le rendre malheureux, mais non pas imposteur.
Palamède... A ce nom ma douleur se réveille,
Et quelquefois sans doute il frappa votre oreille ;
Cent fois la renommée a redit ses exploits...
Seul contre cette guerre il éleva la voix,
Faussement accusé d’une trame secrète
Il périt, et la Grèce aujourd’hui le regrette.
Ne pouvant me laisser ni grandeurs, ni trésors,
Sous ce guerrier fameux, né du sang dont je sors,
Mon père m’envoya chercher, dès mon jeune âge,
La gloire des combats et le prix du courage.
Tant qu’au parti des Grecs il prêta son appui,
Tant que nos étendards triomphèrent sous lui,
Un peu de son éclat rejaillit sur ma vie :
Quand le perfide Ulysse eut à sa lâche envie,
Vous ne l’ignorez pas, immolé ce héros,
En silence d’abord pleurant ses noirs complots,
Pleurant de mon ami la triste destinée
Je traînais dans le deuil ma vie infortunée.