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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/257

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Mais bientôt mon courroux, par d’imprudents éclats,
Irrita contre moi l’auteur de son trépas ;
Je jurai, si le Ciel secondait ma furie,
Si je rentrais vainqueur au sein de ma patrie,
Je jurai de venger mon déplorable ami.
De là tous mes malheurs : dès lors, souple ennemi,
Ulysse contre moi chercha partout des armes,
Répandit les soupçons, éveilla les alarmes,
Et, pour se délivrer d’un reproche importun,
Crut qu’un premier forfait en voulait encore un ;
En un mot, il fit tant, qu’appuyé du grand prêtre...
Mais pourquoi ces récits qui vous lassent peut-être ?
Troyens, si tous les Grecs sont égaux à vos yeux,
Que tardez-vous ? versez le sang d’un malheureux.
Quel plaisir pour Ulysse et pour les fiers Atrides ! »
Alors, renouvelant nos questions avides,
Ignorant l’art affreux que cachaient ses discours,
Longtemps nous le pressons d’en poursuivre le cours.
Avec un feint effroi, qui colore son piège,
Le perfide poursuit : « Les Grecs, las d’un long siège,
Souvent ont voulu fuir ces remparts ennemis.
Hélas ! et plût aux cieux que mon sort l’eût permis !