Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/259

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Mais, ou le vent contraire, ou l’affreuse tempête,
Souvent retint leur flotte au départ déjà prête :
Surtout depuis le jour qu’élevée en ces lieux,
Cette masse de bois eut étonné vos yeux,
Tout le ciel retentit des éclats de la foudre.
Dans ces extrémités, incertains que résoudre,
Tremblants, nous envoyons interroger Délos,
Et le trépied fatal nous répond en ces mots :
— Par le sang d’une vierge offerte en sacrifice,
La Grèce à son départ obtint un vent propice :
Il faut encor du sang ; et d’un Grec, à son tour,
La mort doit de sa flotte acheter le retour.
A peine on a connu la sentence effrayante,
Dans le camp consterné tout frémit d’épouvante,
Quel est le malheureux que l’on doit immoler ?
Qui demande Apollon ? et quel sang doit couler ?
Au milieu des terreurs dont notre âme est troublée,
Le roi d’Ithaque, aux yeux de la Grèce assemblée,
Traîne à grand bruit Calchas ; et ses cris odieux
Le pressent de nommer la victime des dieux.
Déjà, lisant de loin dans son âme cruelle,
Mes amis annonçaient ma sentence mortelle.