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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/265

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Qu’Ulysse, des forfaits détestable inventeur,
Que le fils de Tydée, affreux profanateur,
Osèrent, à travers la garde massacrée,
Enlever sur l’autel son image sacrée,
Et que leur bras sanglant d’un sacrilège affront
Souilla les saints bandeaux qui couronnent son front,
Dès lors plus de succès, plus d’espoir ; la déesse
A son triste destin abandonna la Grèce.
Plus d’un signe effrayant signala son courroux :
Son simulacre à peine est placé parmi nous,
Que dans ses yeux pétille une flamme brillante ;
De tout son corps dégoutte une sueur sanglante ;
Et, secouant sa lance et son noir bouclier,
Trois fois elle bondit sous son casque guerrier.
  Calchas veut qu’aussitôt la voile se déploie :
Tous nos traits impuissants s’émousseront sur Troie,
Si, dans les murs d’Argos, revolant sur les eaux,
Les Grecs ne vont chercher des augures nouveaux.
Ils sont partis sans doute, et sous d’autres auspices,
Bientôt accompagnés de leurs dieux plus propices,
Vous les verrez soudain reparaître à vos yeux :
Ainsi s’est expliqué l’interprète des dieux.