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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/273

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Le coupable a reçu le juste châtiment ;
Lui dont la main osa sur un saint monument
Lancer un dard impie, et d’un fer sacrilège,
Violer de Pallas l’auguste privilège.
Il faut fléchir Minerve, il faut offrir des vœux,
Et conduire en nos murs ce monument pompeux ».
Nos remparts abattus aussitôt lui font place ;
Au coursier gigantesque on offre un large espace :
Il avance porté sur des orbes roulants ;
Des cordages tendus hâtent ses pas trop lents.
Prête à vomir le fer, les feux et le carnage,
L’horrible masse arrive, et franchit le passage.
De vierges et d’enfants un chœur religieux,
Au bruit des saints concerts, des cantiques pieux,
Accompagne à l’envi l’offrande de la haine,
Et se plaît à toucher le câble qui la traîne.
Elle entre enfin ; elle entre et menace à la fois
Et les temples des dieux, et les palais des rois.
O Troie ! ô ma patrie ! ô théâtre de gloire !
Murs à jamais présents à ma triste mémoire !
Murs peuplés de héros, et bâtis par les dieux !
Quatre fois près d’entrer, le colosse odieux
S’arrête ; quatre fois on entend un bruit d’armes.
Cependant, ô délire ! on poursuit sans alarmes
Et dans nos murs enfin, par un zèle insensé,
L’auteur de leur ruine en triomphe est placé.
C’est peu : pour mieux encore assurer sa victoire,
Cassandre, qu’Apollon nous défendait de croire,
Rend des oracles vains que l’on n’écoute pas ;
Et nous, nous malheureux qu’attendait le trépas,