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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/279

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Ses pieds qu’avaient gonflés, par l’excès des tortures,
Les liens dont le cuir traversait leurs blessures
Son sein encor percé des honorables coups
Qu’il reçut sous nos murs en combattant pour nous :
Tout de ses longs malheurs m’offrait l’image affreuse.
Et moi je lui disais d’une voix douloureuse :
« O vous, l’amour, l’espoir et l’orgueil des Troyens,
Hector, quel dieu vous rend à vos concitoyens ?
Que nous avons souffert de votre longue absence !
Que nous avons d’Hector imploré la présence ! »
Il ne me répond rien. Mais, d’un ton plein d’effroi,
Poussant un long soupir : « Fuis, dit-il ; sauve-toi
Sauve-toi, fils des dieux ; contre nous tout conspire :
Il fut un Ilion, il fut un grand empire.
Tout espoir est perdu ; fuis : tes vaillantes mains
Ont fait assez pour Troie, assez pour nos destins.
Notre règne est fini, notre heure est arrivée.
Si Troie avait pu l’être, Hector l’aurait sauvée :
Je combattis Achille, et me soumis aux dieux.
Pars, emmène les tiens de ces funestes lieux.
Du triomphe des Grecs épargne-leur insulte :
Ilion te remet le dépôt de leur culte.