Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/281

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Cherche-leur un asile, et qu’au delà des mers
Leur nouvelle cité commande à l’univers ! »
Il dit, et va chercher au fond du sanctuaire
De la chaste Vesta l’image tutélaire,
Et les feux immortels, et le bandeau sacré.
  Cependant Ilion au carnage est livré ;
Déjà le bruit affreux (quoique, loin de la ville,
Mon père eût sa demeure au fond d’un bois tranquille)
De moment en moment me frappe de plus près.
Ce fracas me réveille : au faîte du palais
Je cours, vole, et de loin prête une oreille avide :
Tel, au sein des moissons quand la flamme rapide
Au gré des vents s’élance ; ou lorsqu’à gros bouillons
Engloutissant l’espoir de nos riches sillons,
Entraînant les forêts dans ses vagues profondes,
Un torrent en grondant précipite ses ondes ;
Le berger s’épouvante, et d’un roc escarpé
Prête de loin l’oreille au bruit qui l’a frappé.
Alors Sinon, les Grecs, et leurs perfides trames,
Tout est connu. Déjà dans des torrents de flammes
Déiphobe à grand bruit voit son palais crouler ;
Vers les palais voisins le vent les fait rouler,