Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/283

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Et leur lumière affreuse éclaire au loin la plage ;
Les cris de la fureur et le bruit du carnage
Se mêlent dans les airs aux accents du clairon.
N’écoutant que ma rage, et sourd à la raison :
« Aux armes, mes amis ! sauvons la citadelle ! »
A ces mots, rassemblant une troupe fidèle,
J’y vole ; la fureur précipite mes pas,
Et je ne cherche plus qu’un glorieux trépas.
Tout à coup d’Apollon je vois le saint ministre,
Tout pâle des horreurs de cette nuit sinistre,
Portant ses dieux vaincus, traînant son petit-fils,
Échapper à grands pas au fer des ennemis.
« Sage Panthée, eh bien ! Pergame existe-t-elle ?
M’écriai-je : peut-on sauver la citadelle ?
N’avons-nous plus d’espoir ? » Le vieillard, à ces mots,
De son cœur oppressé poussant de longs sanglots :
« Il est, il est venu ce jour épouvantable,
Ce jour de nos grandeurs le terme inévitable :
Ilion, les Troyens, tout est anéanti.
De Jupiter sur nous le bras appesanti
Livre aux enfants d’Argos leur malheureuse proie :
Simon vainqueur insulte aux désastres de Troie,