Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/285

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Triomphant au milieu de nos murs enflammés,
Un monstre affreux vomit des bataillons armés :
Et tandis que ses flancs enfantent leurs cohortes,
Des milliers d’ennemis se pressant sous nos portes,
Fondent sur nos remparts à flots plus débordés
Qu’ils n’ont jamais paru dans nos champs inondés.
Les uns courent au loin répandre le carnage ;
D’autres, le fer en main, gardent chaque passage :
L’affreux tranchant du glaive et la pointe des dards,
Prêts à donner la mort, brillent de toutes parts ;
Et de gardes tremblants à peine un petit nombre
Se défend au hasard, et résiste dans l’ombre ».
Il dit : et la fureur enflamme mes esprits ;
Je m’élance à travers le feu, le sang, les cris,
Partout où la vengeance, où mon aveugle rage
Et d’horribles clameurs appellent mon courage.
Aux clartés de la lune accourent sur mes pas
Et le sage Rhipée et le vaillant Dymas,
Hypanis qu’enflammait une ardente jeunesse,
Epyte encor bouillant en sa mâle vieillesse,
Et le jeune Corèbe enfin, qui, dans ce jour,
Pour Cassandre brûlant d’un trop funeste amour,