Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/287

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Venait briguer sa main dans les champs de la gloire,
Hélas ! et comme nous refusa de la croire.
Voyant le noble feu qui brille dans leur sein :
« Cœurs généreux, hélas ! et généreux en vain,
Vous le voyez : la flamme en tous lieux se déploie ;
Comme nous asservis, les faibles dieux de Troie
De leurs temples brûlants ont quitté les autels.
Les dieux nous ont trahis ; et nous, faibles mortels,
Nous secourons des murs qu’ils devaient mieux défendre !
Qu’importe, amis ? mourons dans nos remparts en cendre,
Mourons le fer en main, voilà notre devoir ;
Tout l’espoir des vaincus est un beau désespoir ».
Ce peu de mots à peine a redoublé leur rage ;
Soudain tel que dans l’ombre, avides de ravage,
Court de loups dévorants un affreux bataillon
Qu’irrite de la faim le pressant aiguillon,
Et dont les nourrissons, altérés de carnage,
Attendent le retour au fond d’un bois sauvage ;
Au centre de la ville, au plus fort des combats,
Nous volons à la gloire, ou plutôt au trépas.
Sur nous la nuit étend ses ailes ténébreuses,
Nuit effroyable ! hélas ! de ces scènes affreuses