Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/293

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Pare son front superbe ; et chacun, l’imitant,
Du fruit de ses exploits se revêt à l’instant.
De ces armes couverts, sous un sinistre augure,
Nous nous mêlons aux Grecs ; et, dans la nuit obscure,
Par une heureuse erreur nous triomphons d’abord.
Plus d’un guerrier d’Argos descend au sombre bord ;
D’autres gagnent la mer, et, d’une course agile,
Volent à leurs vaisseaux demander un asile,
Ou vers l’affreux cheval courent épouvantés
Et rentrent dans les flancs qui les avaient portés.
Mais, hélas ! sans les dieux quel bonheur est durable ?
O douleur ! de nos rois la fille vénérable,
Cette vierge sacrée, et si chère à Pallas,
Cassandre échevelée, et par de vils soldats
Traînée indignement du fond du sanctuaire,
Levait au ciel ses yeux enflammés de colère ;
Ses yeux... Des fers, hélas ! chargeaient ses faibles mains.
A peine il aperçoit ces soldats inhumains,
Une horrible fureur de Corèbe s’empare ;
Il s’élance au milieu de la foule barbare.
Nous volons sur ses pas ; mais nos concitoyens,
Sous les armes des Grecs ignorant les Troyens,