Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/305

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Les femmes, perçant l’air d’horribles hurlements,
Dans l’enceinte royale errent désespérées :
L’une embrasse à genoux ses colonnes sacrées,
L’autre y colle sa bouche, et ses mains, et ses yeux,
Et par mille baisers leur fait de longs adieux.
Au milieu des horreurs de ce jour sanguinaire,
Trop digne d’achever l’ouvrage de son père,
Du meurtrier d’Hector le barbare héritier,
Pyrrhus vient, et déploie Achille tout entier :
Il menace, il attaque ; à sa fureur extrême,
Les barrières, les murs, et la garde elle-même,
Tout cède. Le bélier tonne à coups redoublés.
Arrachée à grand bruit de ses gonds ébranlés,
Enfin la porte tombe : aussitôt on s’élance ;
Un passage sanglant s’ouvre à la violence ;
A travers les débris, l’ennemi furieux
Poursuit rapidement son cours victorieux.
Déjà jusqu’au portique il porte le carnage.
Les premiers des Troyens que rencontre sa rage,
Égorgés les premiers, expirent sous ses pas.
Il entre, et le palais se remplit de soldats.
Tel enfin triomphant de sa digue impuissante,
Un fier torrent s’échappe ; et l’onde mugissante
Traîne, en précipitant ses flots amoncelés,
Pâtre, étable et troupeau, confusément roulés.
J’ai vu Pyrrhus, j’ai vu les féroces Atrides
Rassasier de sang leurs armes homicides ;
Hécube échevelée errer sous ces lambris ;
Le glaive moissonner les femmes de ses fils ;
Et son