Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/307

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époux, hélas ! à son moment suprême,
Ensanglanter l’autel qu’il consacra lui-même.
De sa postérité les rejetons naissants,
Dont la foule chérie entourait ses vieux ans,
De ses cinquante fils les couches nuptiales,
Ces dépouilles des rois, ces pompes triomphales,
Trésors, enfants, grandeurs, tout périt sous ses yeux,
Et le glaive détruit ce qu’épargnent les feux...
  Reine ! peut-être aussi désirez-vous connaître
Comment de cet état périt l’auguste maître ?
Voyant les Grecs vainqueurs au sein de ses remparts,
Son antique palais forcé de toutes parts,
L’ennemi sous ses yeux, d’une armure impuissante
Ce vieillard charge en vain son épaule tremblante,
Prend un glaive, à son bras dès longtemps étranger,
Et s’apprête à mourir plutôt qu’à se venger.
Dans la cour du palais, de ses rameaux antiques
Un laurier embrassant les autels domestiques
Les couvrait de son ombre : en ces lieux révérés,
Hécube et ses enfants ensemble retirés,
Ainsi qu’aux sifflements des tempêtes rapides
S’attroupe un faible essaim de colombes timides,