Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/309

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Se pressaient, embrassaient les images des dieux.
Dès qu’elle voit Priam vainement furieux,
Par un dernier effort oubliant sa vieillesse,
Saisir les dards rouillés qu’illustra sa jeunesse :
« Cher époux, dit Hécube, où courez-vous ? Hélas !
Contre un destin cruel que peut ce faible bras ?
Mon Hector même en vain renaîtrait de sa cendre.
Approchez : de nos dieux l’autel va nous défendre,
Ou sous le même fer nous expirerons tous ».
Par ces mots, du vieillard désarmant le courroux,
La reine enfin l’entraîne et le place auprès d’elle.
Tout à coup, de Pyrrhus fuyant la main cruelle,
A travers mille dards, un dernier fils du roi
S’échappe, et du palais dépeuplé par l’effroi
Traverse tout sanglant la longue galerie.
Pyrrhus le suit ; déjà, tout bouillant de furie,
Il le presse, il le touche, il l’atteint de son dard :
Enfin au saint autel, asile du vieillard,
Son fils court éperdu, tend les bras à son père,
Hélas ! et dans son sang tombe aux pieds de sa mère.
A ce spectacle affreux, quoique sûr de la mort,
Priam ne contient plus son douloureux transport :
«