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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/315

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Guidaient mes pas tremblants et ma vue incertaine,
Lorsqu’aux pieds de Vesta je vois l’affreuse Hélène,
De ses Grecs irrités redoutant le courroux,
La haine des Troyens, la fureur d’un époux.
Cette vile beauté, pour qui la jalousie
Arma la Grèce et Troie, et l’Europe et l’Asie,
Se cachait, et, tremblante à l’ombre des autels,
Fuyait aux pieds des dieux la fureur des mortels.
Son odieux aspect réveille ma furie ;
Je brûle par sa mort de venger ma patrie.
Quoi ! le sang regorgea sur ces bords malheureux,
Priam meurt sous le fer, Ilion dans les feux ;
Et fière de nos maux, la détestable Hélène,
Dans les remparts d’Argos rentrant en souveraine,
Ira, foulant des fleurs sous ses pas triomphants,
Retrouver son palais, ses aïeux, ses enfants !
Et d’esclaves troyens en pompe environnée,
Des trésors d’Ilion marchera couronnée !
Non ; et quoique ma gloire en rougisse tout bas,
Quoiqu’un si lâche exploit déshonore mon bras,
Du moins de ce fléau j’aurai purgé la terre ;
Son sang paiera le sang qu’a coûté cette guerre,