Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/317

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Satisfera ma rage, et celle des Troyens,
Et les mânes plaintifs de mes concitoyens.
Ainsi, je m’emportais, lorsque dans la nuit sombre
Ma mère dissipant la noire horreur de l’ombre,
Jeune, brillante, enfin telle que dans les cieux
Des immortels charmés elle éblouit les yeux,
Me retient et me dit de sa bouche de rose :
« Mon fils, de ces fureurs, eh ! quelle est donc la cause ?
Est-il temps d’écouter un aveugle courroux ?
Qu’as-tu fait des objets de nos soins les plus doux ?
Qu’as-tu fait de ton père appesanti par l’âge,
D’une épouse, d’un fils, entourés de carnage,
Entourés d’ennemis, et qui, sans mon secours,
Par la flamme ou le fer auraient fini leurs jours ?
Non, non, ce ne sont point ces objets de ta haine,
Non, ce n’est point Pâris, ni l’odieuse Hélène,
C’est le courroux des dieux qui renverse nos murs.
Viens ; je vais dissiper les nuages obscurs
Dont sur tes yeux mortels la vapeur répandue
Cache ce grand spectacle à ta débile vue.
Écoute seulement ; et, docile à ma voix,
D’une mère qui t’aime exécute les lois.