Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vois-tu ces longs débris, ces pierres dispersées,
De ces brûlantes tours les masses renversées,
Cette poudre, ces feux ondoyants dans les airs ?
Là, le trident en main, le puissant dieu des mers,
De la terre à grands coups entr’ouvrant les entrailles,
A leur base profonde arrache nos murailles,
Et dans ses fondements déracine Ilion.
Ici, tonne en fureur l’implacable Junon :
Debout, le fer en main, la vois-tu sous ces portes
Appeler ses soldats ? Vois-tu de ces cohortes
L’Hellespont à grands flots lui vomir les secours ?
Sur un nuage ardent, au sommet de ces tours,
Regarde, c’est Pallas, dont la main homicide
Agite dans les airs l’étincelante égide.
Jupiter même aux Grecs souffle un feu belliqueux,
Excite les mortels, et soulève les dieux.
Fuis ; calme un vain courroux : fuis, c’en est fait. Ta mère
Va protéger tes pas et te rendre à ton père ».
Elle dit, et dans l’ombre échappe à mes regards.
Alors le voile tombe ; alors, de toutes parts,
Je vois des dieux vengeurs la figure effrayante ;
J’entends tonner les coups de leur main foudroyante ;