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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/337

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Je cherche en vain. Grands dieux ! si le sort moins cruel,
Si le ciel l’eût conduite au palais paternel !
J’y cours : nos ennemis s’en étaient rendus maîtres ;
La flamme dévorait les toits de mes ancêtres,
Et de l’embrasement les torrents furieux
De leur comble enflammé s’élançaient vers les cieux.
Au palais de Priam un faible espoir m’appelle ;
De là mes pas pressés gagnent la citadelle :
Là sous un long portique, asile de Junon,
Déjà le vieux Phénix, et l’horreur d’Ilion,
Ulysse, des vainqueurs gardent la riche proie ;
Là sont accumulés tous les trésors de Troie,
Et les vases d’or pur, et les tables des dieux,
Et des pontifes saints les vêtements pompeux.
Autour de cet amas de dépouilles captives
Se pressent les enfants et les mères plaintives ;
J’y cherche mon épouse ; et même, à haute voix,
Dans l’ombre de la nuit je l’appelle cent fois,
Et, parmi les débris de Troie encor ruinante,
Dis et redis le nom de ma Créuse absente.
Tandis que, plein d’amour, d’horreur et de pitié,
Je vole sur les pas de ma chère moitié,