Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 1.djvu/341

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mère t’aima, qu’il te soit toujours cher ».
Elle dit, et soudain s’évanouit dans l’air ;
Elle fuit, et malgré mes soupirs et mes larmes,
D’un entretien si doux elle interrompt les charmes.
Trois fois j’étends les bras, et comme une vapeur,
Trois fois a disparu le fantôme trompeur.
Le jour naît : je retourne à ma troupe fidèle,
Qu’avait encor grossie une foule nouvelle,
Femmes, enfants, vieillards, restes infortunés ;
Chargés de leurs débris, à l’exil condamnés,
Aux plus lointains climats, sur les plaines de l’onde,
Prêts à suivre en tous lieux ma course vagabonde.
Déjà l’Ida s’éclaire, et de l’astre du jour
L’étoile du matin annonce le retour ;
Les Grecs de toutes parts ont investi les portes.
« C’en est fait, m’écriai-je : ô destin ! tu l’emportes ».
Je pars, reprends mon père, et guidé par les dieux,
Transporte sur l’Ida ce fardeau précieux.