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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/107

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Sous sa perfide mer, déguise aux matelots.
De là rapidement emporté sur les flots,
Drépane me reçoit ; le malheureux Drépane,
Où le sort aux regrets pour jamais me condamne.
Là périt mon vieux père, après tant de travaux,
Anchise, mon seul bien, seul espoir de mes maux ;
Là tu laisses ton fils, ô père vénérable !
Au moment où me rit un sort plus favorable !
Sauvé de tant d’écueils, tu péris dans le port.
Ah ! le sage Hélénus, interprète du sort,
Des oracles divins les terribles ministres,
L’horrible Céléno, ses menaces sinistres
Qui m’annonçaient du sort tant d’effroyables coups,
Ne m’avaient pas prédit le plus cruel de tous.
Là cessent mes travaux. De ce triste rivage,
Enfin, des dieux plus doux m’ont porté dans Carthage ».
Tel le héros troyen racontait ses malheurs,
Et tous les cœurs émus partageaient ses douleurs.