Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/151

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Jupiter cousent-il qu’oubliant l’Italie,
Le Troyen dans Carthage au Tyrien s’allie ?
C’est à vous de sonder le cœur de votre époux ;
S’il y consent, Vénus est d’accord avec vous.
— A mon but, dit Junon, je saurai le conduire ;
Mais il est un projet dont je dois vous instruire.
Demain, dès que l’Aurore allumera le jour,
Nos amants vont chasser dans les bois d’alentour.
Là, tandis qu’à la hâte on déploiera les toiles,
Dans les cieux, à ma voix, la nuit tendra ses voiles ;
De noirs torrents de pluie, épanchés dans les airs,
Et le bruit du tonnerre, et le feu des éclairs,
D’Enée et de Didon disperseront la suite.
Vers un antre voisin tous deux prendront la fuite.
J’y conduirai l’Hymen ; et, si tels sont vos vœux,
J’y joindrai ces amants par les plus tendres nœuds.
— A la reine des dieux est-il rien qu’on refuse ? »
Lui répondit Vénus, souriant de la ruse.