Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/187

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Me parle et d’Apollon, et d’oracle, et d’augure !
Pour presser son départ l’ambassadeur des dieux
Est descendu vers lui de la voûte des cieux.
Dignes soins, en effet, de ces maîtres du monde !
En effet, sa grandeur trouble leur paix profonde !
Mais c’en est fait : va, pars ; je ne te retiens pas :
Va chercher sur les flots je ne sais quels états.
J’en mourrai ; mais ma haine, ingrat ! va me survivre ;
De mon bûcher sanglant les feux vont te poursuivre.
Spectre vengeur, partout j’assiégerai tes yeux ;
Que dis-je ? Si mon sort touche les justes dieux,
J’espère que bientôt, pour prix d’un si grand crime,
Brisé contre un écueil, plongé dans un abîme,
Tu pleureras ma mort, perfide ! et de Didon,
Ta voix, ta voix parjure invoquera le nom !
Oui,je serai vengée ; et dans l’empire sombre
Le bruit de tes malheurs viendra charmer mon ombre ».
A ces mots menaçants, qu’elle interrompt soudain,
Elle fuit, laisse Enée interdit, incertain ;