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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/213

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Les dieux viennent encor d’accuser ma paresse :
Qui que tu sois, grand dieu ! j’étouffe ma tendresse,
Je t’obéis ; et toi daigne exaucer nos vœux,
Accorde-nous des vents et des astres heureux ! »
La foudroyante épée, à ces mots, étincelle,
Les câbles sont coupés, il part ; et, plein de zèle,
Tout fuit, se précipite, et vole sur les eaux.
La mer a disparu sous leurs nombreux vaisseaux ;
Le rivage s’enfuit, et les flots qui bouillonnent
Cèdent, en mugissant, aux bras qui les sillonnent.
  L’Aurore abandonnait la couche de Titon,
Et la nuit pâlissait de son premier rayon ;
Didon, du haut des tours, jetant les yeux sur l’onde,
Les voit voguer au gré du vent qui les seconde.
Le rivage désert, les ports abandonnés,
Frappent d’un calme affreux ses regards consternés.
Aussitôt, arrachant sa blonde chevelure,
Se meurtrissant le sein : « O dieux ! quoi ! ce parjure,
Quoi ! ce lâche étranger aura trahi mes feux,
Aura bravé mon sceptre, et fuira de ces lieux !