En tribut à ta reine offre un sang qu’elle abhorre !
C’est ainsi que mon ombre exige qu’on l’honore.
Sors de ma cendre, sors, prends la flamme et le fer,
Toi qui dois me venger des enfants de Teucer !
Que le peuple latin, que les fils de Carthage,
Opposés par les lieux, le soient plus par leur rage !
Que de leurs ports jaloux, que de leurs murs rivaux,
Soldats contre soldats, vaisseaux contre vaisseaux
Courent ensanglanter et la mer et la terre !
Qu’une haine éternelle éternise la guerre !
Que l’épuisement seul accorde le pardon !
Enée est à jamais l’ennemi de Didon :
Entre son peuple et toi point d’accord, point de grâce !
Que la guerre détruise, et que la paix menace !
Que ses derniers neveux s’arment contre les miens !
Que mes derniers neveux s’acharnent sur les siens ! »
Elle dit ; et roulant son projet dans son âme,
De ses jours odieux cherche à rompre la trame.
Pour hâter des moments à sa fureur si doux,
Elle appelle Barcé : de son premier époux
Barcé fut la nourrice ; au sein de sa patrie
La sienne dès longtemps a terminé sa vie.
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