Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/221

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« Va, cours chercher ma sœur ; qu’un bain religieux
La prépare à paraître aux autels de nos dieux ;
Qu’à tomber sous le fer la victime soit prête ;
Du saint bandeau toi-même il faut orner sa tête.
Je veux, pour achever de guérir ma raison,
Finir le sacrifice attendu par Pluton,
Et d’un parjure amant livrer au feu l’image ! … »
Elle dit : Barcé court, fidèle à son message,
Hâter, sans le savoir, les apprêts du trépas,
Et son vieux zèle encore accélère ses pas.
Didon demeure seule. Alors de son injure
L’affreux ressouvenir aigrissant sa blessure,
Dans l’accès violent de son dernier transport,
Tout entière livrée à ses projets de mort,
Roulant en traits de feu ses prunelles sanglantes,
Le visage livide, et les lèvres tremblantes,
Les traits défigurés, et le front sans couleur,
Où déjà de la mort s’imprime la pâleur,
Vers le fond du palais Didon désespérée,
Précipite en fureur sa démarche égarée,
Monte au bûcher, saisit le glaive du héros,
Ce glaive à qui son cœur demande le repos,