Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Là du grand Dardanus la race a pris naissance :
Où fut votre berceau sera votre puissance,
Cours détromper Anchise, et guide les Troyens
Des rivages de Crète aux bords Ausoniens ».
Ainsi parlaient mes dieux : ce n’était point d’un songe
L’illusion nocturne et le grossier mensonge ;
C’étaient leurs saints bandeaux, leurs regards, leurs accents :
Et tous mes sens émus me les montraient présents.
Tremblant, je me relève ; et, d’une ardeur pieuse,
Je lève au ciel ma voix, ma main religieuse ;
Aux dieux hospitaliers je rends un juste honneur,
Et je cours à mon père annoncer mon bonheur.
Egaré, mais soumis à cette voix divine,
A sa double famille, à sa double origine,
Il impute l’erreur de l’oracle douteux
Qui lui fit méconnaître et confondre ces lieux.
« 0 mon fils, que poursuit l’affreux destin de Troie !
Cassandre, et mon esprit s’en souvient avec joie,
Cassandre, me dit-il, par des avis certains,
M’a cent fois de ma race annoncé les destins,
Et les champs d’Italos, et les bords d’Hespérie ;
Mais qui pouvait si loin attendre une patrie !
Et qui croyait