Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il vaut mieux s’éloigner, et rasant la Sicile,
Prolonger tes détours et ta lenteur utile,
Pour atteindre le but, l’éviter avec art,
Et près de Pachinum, par un prudent écart,
Dans ton cours prolongé décrire un arc immense ;
Que d’aller, de Charybde affrontant l’inclémence,
Braver ses tourbillons, ses gouffres écumants,
Et de ses chiens hideux les rauques hurlements ;
Enfin, dans l’avenir s’il m’est permis de lire,
Hélénus ne peut trop le dire et le redire :
Junon fit tous tes maux et les prolonge tous.
De la reine des dieux désarme le courroux,
N’épargne point l’encens, les vœux, ni la prière :
Ainsi tu fléchiras cette déesse altière,
Et tes vaisseaux vainqueurs, des bords siciliens,
Parviendront sans obstacle aux ports ausoniens.
Vainqueur enfin des mers, d’autres soins te demandent,
Des antres cuméens les oracles t’attendent ;
Il faut franchir l’Averne, et, dans ses sombres bois,
De l’antique Sibylle interroger la voix.
Au pied de son rocher, sur des feuilles légères,
Elle écrit nos destins en légers caractères,