Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/73

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Tel du sort à mes yeux le livre se déploie
Va, pars, et porte au ciel les grands destins de Troie ».
Il dit, et fait tirer de son riche trésor
Un vaste amas d’airain, d’argent, d’ivoire et d’or ;
Des vases de Dodone, une riche cuirasse,
Où l’or à triple maille avec art s’entrelace
Un casque aux crins flottants, armure de Pyrrhus,
Qui du sang des Troyens ne se rougira plus.
Mon père est distingué par sa munificence ;
Mon peuple aussi reçoit de sa magnificence
Des rameurs vigoureux, des armes, des guerriers,
Et ses riches haras nous cèdent leurs coursiers.
Nous écoutons des dieux le fidèle interprète.
Anchise ordonne alors que sa flotte s’apprête,
Qu’on rattache la voile, et qu’aux vents fortunés
Ses plis prêts à s’ouvrir flottent abandonnés.
Hélénus en ces mots honore sa vieillesse :
« Mortel chéri des dieux, époux d’une déesse,
Qui deux fois échappas aux malheurs d’Ilion,
Cette Ausonie, objet de ton ambition,
D’ici ton œil la voit, ton espoir la possède ;
Mais, pour atteindre au lieu que le Destin te cède,