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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/75

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Il faut raser ses bords, et, par de longs chemins,
Voyageur patient, gagner ces bords lointains.
Adieu, vieillard heureux, encor plus heureux père !
Adieu : déjà l’Autan, de son souffle prospère,
Sur une mer propice appelle vos vaisseaux.
Adieu : mes souvenirs vous suivront sur les eaux. »
  Cependant, à son tour, Andromaque pensive
Prépare ses adieux ; sa tendresse attentive
Aux présents d’Hélénus veut ajouter le sien.
Ascagne reçoit d’elle un manteau phrygien,
De superbes tissus où la navette agile
A glissé des fils d’or dans sa trame fragile,
Des travaux de ses mains plus précieux encor.
« Tenez, prenez ce don de l’épouse d’Hector,
Cher enfant ! qu’il vous prouve à jamais ma tendresse.
C’est le dernier présent d’une triste princesse ;
De vos parents, hélas ! c’est le dernier bienfait.
Prenez, ô de mon fils doux et vivant portrait !
Voilà son air, son port, son maintien, son langage ;
Ce sont les mêmes traits, il aurait le même âge.
Nous hâtons à regret ce départ douloureux ;
Je leur dis en pleurant : « Adieu, vivez heureux.