Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 2.djvu/83

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Est recourbée en arc, où le flot mugissant
Sans cesse vient briser son courroux impuissant.
A l’abri des rochers, son eau calme repose ;
Des remparts naturels, qu’à la vague il oppose,
Les fronts montent dans l’air comme une double tour ;
Leurs bras d’un double mur en ferment le contour ;
Et le temple que l’œil croyait voir sur la plage
Recule à notre approche, et s’enfuit du rivage,
Quatre beaux coursiers blancs, dans la prairie épars,
Sont le premier présage offert à nos regards.
Anchise alors s’écrie : « O malheureuse terre !
Ces coursiers belliqueux nous annoncent la guerre ;
Oui, la guerre a son char attelle des coursiers ;
Mars conduit aux combats ces animaux guerriers.
O toi que j’ai choisie, ô terre hospitalière !
Le sang doit-il encor marquer notre carrière ?
Mais ces mêmes coursiers, domptés par notre main,
Traînent d’accord un char, se soumettent an frein.
J’espère encor la paix ! » Il dit. Et sa prière
Paie un juste tribut à Minerve guerrière,
Qui daigna la première accueillir nos vaisseaux,
Heureux triomphateurs et des vents et des eaux ;