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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/101

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Tantôt leurs pieds légers sur de riants gazons,
Bondissent en cadence au doux bruit des chansons ;
D’autres touchent la lyre ; à leur tête est Orphée,
Tel qu’il charma jadis les sommets du Riphée.
Son luth harmonieux, qu’accompagne sa voix,
Ou frémit sous l’archet, ou parle sous ses doigts.
L’œil suit les plis mouvants de sa robe flottante,
L’oreille est suspendue à sa lyre touchante,
Et, sur sept fils divins où résonnent sept tons,
Son doigt léger parcourt l’intervalle des sons.
Là brillent réunis, dans des scènes champêtres,
Les héros des Troyens, leurs princes, leurs ancêtres ;
Tous, conservant les goûs dont ils furent épris,
Dans ce séjour de paix offrent aux yeux surpris
Des ombres retraçant les scènes de la guerre.
Ici des javelots enfoncés dans la terre ;
Là des coursiers sur l’herbe errant paisiblement ;
Des armes et des chars le noble amusement,
Ont suivi ces guerriers sur cet heureux rivage,
Et de la vie encore ils embrassent l’image,
Du tranquille bonheur qui règne dans ces lieux
Une scène plus douce attire encor ses yeux.