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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/103

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Plusieurs, couchés en paix sur l’épaisseur des herbes
Où l’Eridan divin roule ses eaux superbes,
Sous l’ombrage odorant des lauriers toujours verts,
Joignent leur douce voix au doux charme des vers.
Là règnent les vertus ; là sont ces cœurs sublimes,
Héros de la patrie ou ses nobles victimes ;
Les prêtres qui n’ont point profané les autels ;
Ceux dont les chants divins instruisaient les mortels ;
Ceux dont l’humanité n’a point pleuré la gloire ;
Ceux qui, par des bienfaits, vivent dans la mémoire,
Et ceux qui, de nos arts utiles inventeurs,
Ont défriché la vie et cultivé les mœurs.
De festons d’un blanc pur leurs têtes se couronnent ;
Avec eux est Musée, en cercle ils l’environnent.
Il les domine tous d’un front majestueux.
La Sybille l’aborde : « O chantre vertueux,
Qui charmas les humains, la terre et l’Elysée,
De grâce, apprenez-moi, vénérable Musée,
Où d’Anchise est fixé le paisible séjour ?
C’est pour lui qu’exilés de l’empire du jour,
Nous avons des enfers franchi les rives sombres.
— Nul espace marqué n’enferme ici les ombres,