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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/105

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Dit le vieillard ; le sort abandonne à leur choix
Ces coteaux enchantés, ces ruisseaux et ces bois,
Mais suivez-moi, venez ; sur ce coteau tranquille
Je conduirai vos pas ; le chemin est facile ».
Après avoir de loin contemplé ces beaux lieux,
Dont Anchise foulait les prés délicieux,
Ils descendent : Anchise, au fond de ces bocages,
De ses neveux futurs contemplait les images ;
D’un regard paternel il fixait tour à tour
Ce peuple de héros qui doivent naître un jour ;
Il remarquait déjà les mœurs, les caractères,
Les vertus, les exploits des enfants et des pères.
Son fils sur les gazons vers lui marche à grands pas ;
Anchise, plein de joie, accourt, lui tend les bras ;
Et l’œil baigné de pleurs, d’une voix défaillante :
« Te voilà donc ! dit-il ; ta tendresse constante
A donc tout surmonté ! je puis donc, ô mon fils !
Ouïr ta douce voix, fixer tes traits chéris !
Hélas ! en t’espérant dans ces belles demeures,
Mon amour mesurait et les jours et les heures,
Il ne m’a point trompé ; mais que de maux divers,
O mon fils ! t’ont suivi sur la terre et les mers !