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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/109

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Le héros veut savoir quels sont ces lieux si beaux,
Quels peuples ont couvert ces rives, ces coteaux.
« Mon fils, dit le vieillard, tu vois ici paraître
Ceux qui dans d’autres corps un jour doivent renaître,
Mais, avant l’autre vie, avant ces durs travaux,
Ils cherchent du Léthé les impassibles eaux,
Et dans le long sommeil des passions humaines
Boivent l’heureux oubli de leurs premières peines.
Dès longtemps je voulais à ton œil enchanté
Montrer ce grand tableau de ma postérité ;
De ses brillants destins ton âme enorgueillie
S’applaudira d’avoir abordé l’Italie ».
Alors, le cœur encor tout rempli de ses maux :
« O mon père ! est-il vrai que, dans des corps nouveaux,
De sa prison grossière une fois dégagée,
L’âme, ce feu si pur, veuille être replongée ?
Ne lui souvient-il plus de ses longues douleurs ?
Tout le Léthé peut-il suffire à ses malheurs ?
— Mon fils, dit le vieillard, dans leur source profonde
Tu vas lire avec moi ces grands secrets du monde.
Ecoute-moi : d’abord une source de feux,
Comme un fleuve éternel répandue en tous lieux,
De sa