Aller au contenu

Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

flamme invisible échauffant la matière,
Jadis versa la vie à la nature entière,
Alluma le soleil et les astres divers,
Descendit sous les eaux, et nagea dans les airs :
Chacun de cette flamme obtient une étincelle.
C’est cet esprit divin, cette âme universelle,
Qui, d’un souffle de vie animant tous les corps,
De ce vaste univers fait mouvoir les ressorts,
Qui remplit, qui nourrit de sa flamme féconde
Tout ce qui vit dans l’air, sur la terre et sous l’onde.
De la Divinité ce rayon précieux,
En sortant de sa source, est pur comme les cieux.
Mais, s’il vient habiter dans des corps périssables,
Alors, dénaturant ses traits méconnaissables,
Le terrestre séjour le tient emprisonné :
Alors des passions le souffle empoisonné
Corrompt sa pure essence ; alors l’âme flétrie
Atteste son exil, et dément sa patrie.
Même, quand cet esprit, captif, dégénéré,
A quitté sa prion, du vice invétéré
Un reste impur le suit sur son nouveau théâtre ;
Longtemps il en retient l’empreinte opiniâtre,
Et, de