Aller au contenu

Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Trop stérile tribut d’un inutile deuil,
Pleuvent à pleines mains sur son triste cercueil,
Et qu’il reçoive au moins ces offrandes légères,
Brillantes comme lui, comme lui passagères ! »
  Ainsi tous deux erraient aux bois élysiens,
Tels tous deux parcouraient ces champs aériens.
Quand les grandeurs de Rome et toutes ses merveilles
Du héros des Troyens ont charmé les oreilles,
Et rempli tout son cœur de ses nobles destins,
Anchise offre à ses yeux les rivages latins ;
Les peuples, les combats, les assauts qui l’attendent ;
Ce que le sort, les dieux et sa gloire demandent.
  Deux portes du sommeil, deux passages divers,
Aux songes voltigeants s’ouvrent dans les enfers :
L’une, resplendissante au sein de l’ombre noire,
Est formée avec art d’un pur et blanc ivoire ;
Par là montent vers nous tous ces rêves légers,
Des erreurs de la nuit prestiges mensongers :
L’autre est faite de corne, et du sein des lieux sombres
Elle donne passage aux véritables ombres.