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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/315

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nuit couvrait la terre, et le dieu du repos
Sur tout ce qui respire épanchait ses pavots ;
De ses périls futurs se retraçant l’image,
Le héros méditait, couché, sur le rivage ;
Mais enfin le sommeil assoupit ses chagrins.
Tout à coup, à travers les peupliers voisins,
Le Tibre s’offre à lui durant la nuit obscure :
Des tresses de roseaux ceignent sa chevelure,
Et du lin le plus fin le léger vêtement
De ses plis azurés l’entoure mollement :
« Fils des dieux, lui dit-il, qui sauvas de la flamme,
Qui portas sur ces bords l’éternelle Pergame,
Toi qu’attendaient Laurente et l’empire latin,
La guerre et ses dangers te menacent en vain :
Rassure-toi ; du sort la tempête orageuse
Ne fatiguera plus ton âme courageuse.
Ne crains pas qu’un vain songe abuse ici de toi ;
De mes prédictions garantissant la fois,
Sous les chênes sacrés de ma rive fidèle,
Une laie aux poils blancs, trente enfants blancs comme elle,
Vont s’offrir à tes yeux, et vont donner leur nom
A cette Albe héritière et fille d’Ilion :