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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/343

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Aux lieux où la vapeur, sortant à gros bouillons,
Roule à flots plus épais ses plus noirs tourbillons.
En vain l’affreux Cacus lance ses feux dans l’ombre ;
A travers l’incendie, à travers la nuit sombre,
Il le prend, il l’étreint entre ses bras nerveux ;
Et, de leur creux profond faisant jaillir ses yeux,
Du monstre à qui la voix, la lumière est ravie,
Arrête dans sa gorge et le sang et la vie.
  Soudain du seuil fatal le roc tombe arraché ;
On entre, et du repaire où le monstre est caché
On contemple, on parcourt la voûte ténébreuse :
L’œil plonge avec effroi dans la caverne affreuse ;
Et le jour indigné, pénétrant dans son sein,
Du parjure Cacus révèle le larcin.
On saisit par les pieds le cadavre difforme ;
On le traîne, on veut voir ses traits, sa taille énorme,
Son sein velu, ses yeux farouches et mourants,
Son front pâle, et ces feux dans sa gorge expirants...
  Voilà, prince troyen, quel objet nous rassemble
Autour de cet autel où nous prions ensemble :
De là ce rit divin et ce culte sacré,
Ce culte à jamais cher, à jamais révéré,