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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/349

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confondent ;
Le bois en retentit, et les monts leur répondent.
  Lorsque des saints devoirs de ces solennités
Leurs cœurs religieux enfin sont acquittés,
Pour marcher vers la ville ils quittent le bocage.
Le vertueux Evandre, appesanti par l’âge,
Suivait, entre son fils et le prince troyen,
Le chemin, qu’abrégeait un aimable entretien.
Enée observait tout avec un œil avide :
Tour à tour il écoute, interroge son guide ;
Il aime à voir ces lieux, ces anciens monuments
D’un peuple qui remonte à la source des temps ;
Sur les débris sacrés son regard se promène.
Le premier fondateur d’une cité romaine,
Evandre alors lui dit : « Des nymphes, autrefois,
Des faunes habitaient, dans le fond de ces bois ;
Et ce fleuve et ces monts étaient sous leur puissance :
Là vivaient des mortels sans art, sans prévoyance,
Aussi durs que les troncs des chênes leurs aïeux,
Ayant pour mets leur chasse ou quelques fruits pierreux.
Chassé par Jupiter des demeures divines,
Saturne le premier cultiva ces collines,