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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/35

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La prêtresse répond : « O l’espoir de ta race !
Sais-tu bien ce qu’ici demande ton audace ?
Il n’est que trop aisé de descendre aux enfers,
Les palais de Pluton nuit et jour sont ouverts ;
Mais rentrer dans la vie, et revoir la lumière,
Est un bonheur bien rare, un vœu bien téméraire.
Le Destin n’accorda ce privilège heureux
Qu’à peu de favoris, issus du sang des dieux.
Le passage est fermé par des forêts profondes,
Le Cocyte à l’entour roule ses noires ondes.
Mais, si tels sont tes vœux, si ton pieux amour
Veut passer l’Achéron, qu’on passe sans retour,
Ecoute mes leçons : dans la cuit ténébreuse
Dont un bois vaste entoure une vallée ombreuse,
D’un rameau précieux se cache le trésor ;
L’or brille sur sa tige, et son feuillage est d’or,
Là préside des dieux l’auguste souveraine ;
Mais nul ne peut percer cette nuit souterraine,
Qu’il n’ait de ce rameau cueilli le riche don
Que demande en tribut l’épouse de Pluton.
On a beau l’arracher au tronc qui le possède,
Soudain un rameau d’or au rameau d’or succède,