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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/351

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Civilisa ce peuple, éleva des remparts,
Y rassembla des monts les habitants épars ;
Et, d’un mot qui marquait sa retraite ignorée,
Du nom de Latium nomma cette contrée.
Tel était l’âge d’or. Bientôt, dégénéré,
Vint d’un métal moins pur l’âge décoloré,
La soif de la richesse, et l’amour de la guerre.
Ce n’étaient plus les fils de cette heureuse terre ;
Avec tous leurs voisins on vit se mélanger
Leur sang abâtardi par un sang étranger.
Ici se transporta l’antique Sicanie ;
Ici furent reçus les enfants d’Ausonie :
Et de mœurs et de nom ce lieu changea cent fois,
Depuis, à ces beaux champs commandèrent des rois.
Tybris, ce fier géant, tyran d’un peuple libre,
A l’antique Albula donna le nom de Tibre.
Pour moi, de ma patrie injustement chassé,
Le sort impérieux dans ce lieu m’a poussé ;
Et les lois d’Apollon, et Carmenta ma mère,
Ont guidé vers ces bords ma course involontaire ».
Il dit, s’avance, et montre au héros d’Ilion
La porte Carmentale, et l’autel de ce nom ;