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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/353

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Monument élevé, si l’on en croit l’histoire,
A celle qui de Rome avait prédit la gloire,
Et des murs de Pallas la future splendeur.
Bientôt paraît ce bois où, hâtant sa grandeur,
Romule aux étrangers sut ouvrir un asile,
Refuge des proscrits, et berceau de sa ville ;
Puis du froid Lupercal s’offre l’antre divin,
Dont l’origine grecque a pris un nom romain.
Il ne néglige pas le saint bois d’Argilète,
De ses nobles regrets éloquent interprète.
Là par ses soins repose un perfide Argien,
Qui trouva son trépas en méditant le sien.
Enfin s’offre à leurs yeux la roche Tarpéienne,
Ce futur Capitole où la grandeur romaine
Etalera son marbre et ses colonnes d’or.
Des ronces, des buissons le hérissent encor.
Déjà le peuple ému d’une pieuse crainte
Pressentait ses destins et sa majesté sainte ;
Déjà ce mont, ce roc le frappait de terreur.
« Voyez là-haut ces bois dont la muette horreur
Aujourd’hui même encore inspire l’épouvante :
Quel dieu réside au fond de leur nuit imposante ?