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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/37

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Et, toujours reproduit, le précieux métal
Rend à l’arbre immortel son luxe végétal.
Toi donc, perçant des bois la nuit silencieuse,
Va chercher, va cueillir la branche précieuse :
Si dans les sombres lieux t’appelle le Destin,
Docile, d’elle-même elle suivra ta main :
Autrement, aucune arme, aucune main mortelle
Ne pourrait triompher de sa tige rebelle.
C’est peu : tandis qu’ici tu consultes les dieux,
De l’un de tes amis la mort ferme les yeux,
Et souille tes vaisseaux de ses vapeurs funestes.
Dans l’asile des morts va déposer ses restes,
Offre une brebis noire aux noires déités,
Que ces premiers devoirs soient d’abord acquittés :
Alors tu pourras voir, au gré de ton envie,
Ces lieux où la mort règne, et qu’abhorre la vie ».
Elle dit. Le héros, le cœur préoccupé,
D’étonnement, de crainte, et de respect frappé,
Triste, les veux baissés, s’éloignant en silence,
Maudissait la fortune et sa longue inconstance.
A son chagrin profond Achate unit le sien :
Mille discours divers forment leur entretien.